Le soleil au garde-à-vous.

Tu sais que les gens sont en vacances quand ils publient des photos d'endroits d'où ils immortalisent leurs rares instants de liberté et de détente. Comme pour conjurer le sort qui est le leur, tout le restant de l'année.

Dérisoires et pathétiques. Bon enfant et quelque peu exhibitionniste. C'est assez normal d'exprimer son bonheur, c'est maladroit de l'afficher telle une distinction.

Tu aimes ainsi regarder le temps s'écouler, sachant que l'on coule, inexorablement. Le temps d'avant la catastrophe est le plus exaltant, car il oblige inconsciemment, à vivre intensément.

Dehors, le soleil est implacable. Il y a quelques jours nous grelotions et là, c'est la canicule et une sécheresse qui nous cloue. Variabilité des températures.

Epoque bouleversée où le climat connaît des soubresauts pareils au convulsions qui agitent la société toute entière. On dirait que l'on attend impatiemment le raz-de-marée qui va tout emporter.

Tu as croisé coup sur coup, dans l'intervalle d'une poignée de minutes, deux femmes qui chantaient.

La première, d'un âge mûr, qu'elle portait élégamment, avec un voile rose qui enrobait son visage caressé de ridules. Elle semblait répéter un répertoire religieux d'une voix d'alto se concentrant sur son trajet tel une quête mystique.

La seconde était mère de famille et revenait du parc, en suivant son jeune fils habillé en footballeur. Elle chantait spontanément un classique de Khaled, "c'est la vie": ...on va danser, on va chanter, on va s'aimer....toute en joies de ces moments ensoleillés qui nous réconcilient presque avec ceux qui nous asservissent.

Tu te dis qu'il suffit d'un climat chaud et lumineux pour rendre les gens heureux quand bien même il est trop tard, depuis longtemps. Une façon douce de faire accepter l'inacceptable.

Finalement, ce réchauffement climatique servirait presque les dominants a nous faire accepter la potion imbuvable comme le plus exquis des nectar