Charlie ne répond plus

"L'Etat savait qu'ils risquaient leurs vies et que l'exercice de leur métier était l'hygiène mentale d'une démocratie qui essaie - rarement- de balayer devant sa porte et d'éviter la complaisance, la compromission et l'hypocrisie..."

Mais voilà: la rue était déserte ce jour-là; pas de promeneurs, pas de témoins susceptibles d'alerter les forces de l'ordre...juste deux policiers sous-équipés qui faisaient les vigiles; pas de caméra de surveillance reliée au poste de police le plus proche pour permettre aux journalistes d'être prévenus en temps réel et envoyer des renforts ... 

....et un temps horriblement long, pendant lequel, les terroristes purent se tromper d'entrée d'immeuble, discuter avec quelqu'un devant l'entrée du ...bon immeuble, monter deux étages, faire feu à plusieurs reprises, quitter les lieux, encore abattre un policier tout en criant que le prophète était vengé...et reprendre leur voiture pour s'enfuir vers la province. Tranquilles, en toute impunité, calmes et déterminés. 

Une exécution facile.

Des assassins poursuivis, des prises d'otages, des abris improvisés et un autre préparé, une séquestration, et puis une exécution. Le groupe d'intervention fut "héroïque" paraît-il... plusieurs dizaines d'hommes couverts d'anti-balles de la tête aux pieds, qui marchent en escadrons, le bouclier devant...contre ....trois tireurs acculés. Une exécution facile. 

Surtout ne pas les mettre hors d'état de nuire et leur permettre de rendre des comptes ainsi que d'éclaircir quelques zones d'ombres. Non, les ordres étaient clairs et limpides. L'Etat répond à la violence par une violence identique. Un exemple de justice: celui de la loi du talion. La peine de mort appliquée sur le mode riposte automatique. 

Le crime était parfait. 

Les manquements des devoirs de l'Etat en matière de sécurité et d'éducation sous prétexte d'économies et de plan d'austérité, ses errements de politiques internationales iniques, ses compromissions avec une criminalité en col blanc institutionnalisée, son instrumentalisation de la question identitaire derrière un cache-sexe des pseudos valeurs de la République, la peur se répand et les gens, aux abois et la peur au ventre, crient entre désespoir et rêve fou ...."je suis Charlie ".

Le sursaut au bord du précipice ?

....CQFD.