Suzanne

J'ai murmuré quelques mots. Je me sentais mal à l'aise. Je n'avais rien à te dire en particulier, peut-être gêné de ne pas être seul en ce lieu. Des insectes semblaient prendre plaisir à se frayer un chemin sur ta pierre. Hugo a disposé le petit bouquet chichement garni par la fleuriste. Un bras appuyé sur l'avant de la tombe, j'ai scruté sur la pointe des pieds, le jardin derrière le cimetière en... essayant d'identifier le vieil arbre que tu me décrivais et qui faisait partie du terrain de jeu de ton enfance au village. J'ai cru le reconnaître mais qui, si ce n'est toi aurait pu me le confirmer ? En admettant que c'était lui, il aura survécu à tes aïeux ainsi qu'à... toi. Il aura aussi traversé les soubresauts et les convulsions de deux grandes guerres. Un grand sage, qui reste digne dans la tourmente qui emporte les idiots. J'ai caressé la pierre avant de prendre congé de toi. J'ai soufflé un baiser en essayant de t'imaginer quelques mètres plus bas. Dans cet enfermement définitif qui est ensevelissement. La grille du cimetière grince toujours autant, signalant notre présence indiscrète. Comme lorsque tu venais fleurir tes parents. Vénération et recueillement.                            

  "Noertrange, Grand-Duché de Luxembourg".