Cette autre
Il se répète. Est-ce plutôt bon signe ? Est-ce une preuve de constance dans ses idées, propices à l'accomplissement d'un approfondissement. La démonstration d'une tentative véhémente d'éviter la superficialité ?
Il se répète. Est-ce la preuve immanquable d'une imagination bien pauvre voire tarie ? Est-ce le signe d'une forme de sénilité précoce ?
Il en était là quand elle survint. Il se sentit porté comme aimanté par cette furtive apparition. Il se répétait l'avoir déjà vue quelque part. Il en avait l'intime conviction. Cette silhouette lui était connue, presque familière. Il se répétait qu'il pourrait faire de sa vie le plus beau des poèmes si seulement il pouvait, ne fût-ce que, l'effleurer. Il se hâta et vit qu'elle avait soudain pressé le pas.
Avait-elle remarqué sa présence, son regard de rapace, son attitude prédatrice, sa quête éperdue d'appropriation de l'autre, prêt à fondre sur.....
Cette autre qui était le prolongement espéré de ses manquements. Le besoin impératif de la consommation. Un comble, se répétait-il, car il s'agissait d'une personne.
Cette autre, qu'il se devait de faire sien, poussé par une irrépressive et inextinguible volonté de possession, d'accaparement.
Cette autre qui devait devenir sa chose. "Elle ne lui échapperait pas", il se le répétait. Etait-ce bon signe ? Etait-ce une preuve de constance dans ses idées, propices à l'accomplissement d'un approfondissement....dans l'écriture de son poème !?