On a beau dire
On a beau dire, toute démarche volontaire ne peut aboutir à un résultat satisfaisant.
Parfois, on a beau faire son possible, et la solution nous apparaître toute trouvée; on peut avoir mis la main à la pâte, dans l'espoir d'une résolution et puis rien ne se passe comme souhaité. Comme ce demandeur d'emploi croisé au jour d'hier et qui se désespère de trouver un emploi.
On peut fournir des efforts démesurés, incommensurables, illimités, terminer épuisé sa journée, par une telle débauche d'énergie: rien n'y fait ! C'est l'échec au bout du chemin. Comme si le "travail" ne payait tout simplement pas, comme si l'abnégation et l'obstination à vouloir atteindre un objectif précis se révelaient inutiles.
Pourtant que n'a-t-on mis en avant le mérite récompensé de l'effort fourni, comme si la réussite n'était que le fruit mûr et la sueur le germe en devenir.
Que n'a-t-on seriné cette apologie du travail bien fait auprès de nos enfants, en leur faisant croire cette baliverne énorme, ce mensonge éhonté, du succès qui succède à l'obstination, de la richesse aussi...
Et que dire de cette société qui continue à mettre en avant l'impératif de production comme nature de la reconnaissance sociale, quand au même instant, comme par ironie, le travailleur perd son emploi et voit la pression sur lui ne faire que commencer.
Au même moment, des nantis, comme en échos, de moins en moins nombreux, mais de plus en plus riches, continuent à tirer les bonnes cartes de placements juteux et de retour sur investissements. Cqfd.
Sans doute le triomphe du capital se la joue modeste quand la culpabilité du nanti n'est pas encore à l'ordre du jour. Regardez cette droite décomplexée, celle-là même qui ne s'enrichit qu'aux dépens d'autrui.
Mais même si de moins en moins de largués du système ne peuvent être dupes de cette ignominie, les vélléités de changer la donne demeurent bien dérisoires.
L'heure de l'indignation finalement est désormais révolue et nous apparaît avec le recul, démarche bien polie en ces temps de désolation accélérée. On a beau dire, l'heure de la révolution, elle, ne sonnera sans doute jamais.