La répétition
Une journée à oeuvrer,
dont on aurait sifflé le début
en même temps que la fin,
avec à chaque fois,
un sens à révéler
qui n'existerait pas,
et un rôle à jouer.
Une répétition .
Des dès qui sont jetés,
et pour quels enjeux ?
des Juges et des Parties
des bourreaux et des victimes.
Aujourd'hui, que pourrait-on bien évaluer ?
La vitesse, le beau geste, la maîtrise,
la volonté, l'esprit d'équipe.
La répétition.
Une journée à oeuvrer,
à passer avec un arrière-goût
une rancoeur, une insatisfaction,
à cotoyer cet étalage
de vanités et de prétentions,
et cette affligeante conscience:
La répétition.
Une journée à oeuvrer,
à poser ses pions, à avancer,
sans manipulation, en toute honnêteté ?
Avez-vous l'esprit de compétition ?
Une conscience seulement.
La répétition.
Une journée à oeuvrer
à construire, un scénario déjà écrit,
aux acteurs connus et tous anonymes,
sans illusion, avec la force tue
de l'imagination, et la tension de l'évaluation.
La répétition.
Une journée à oeuvrer,
piaillements incessants,
déplacements de poussières,
murés dans l'institution,
un système sans illusion,
sans conscience ni réflexion.
D'ailleurs que lui demande-t-on ?
La répétition.
Une journée à oeuvrer,
sans attendre,
des regards croisés et furtifs,
des accolades brèves,
jamais d'effusion,
quelques expressions vides
de conventions taries.
La répétition.
Une journée à oeuvrer,
il serait temps de rentrer.
Etions-nous seulement arrivés ?
Des allers des retours,
des lignes droites des détours,
des retards vains et
des départs annoncés,
puis une arrivée
où l'on se pose, enfin.
Le devoir accompli ?
La répétition.