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Le quart net de ma moitié
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  • Isoler des mots, les transcrire, découvrir le sens au fur et à mesure de l'écriture, c'est un peu quitter le bateau avant qu'il ne prenne l'eau, c'est jouer avec des bouts de phrases. Libre propos au quotidien, parfois pertinent et souvent impertinent .
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Le quart net de ma moitié
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1 novembre 2014

Noertrange

JANSSEN

Je suis allé te fleurir cette semaine. C'est chaque fois un voyage en soi que de rejoindre le village grand-ducal. Je ne peux parcourir ce trajet sans me replonger dans les souvenirs mais je n'éprouvai cette fois, aucune nostalgie. Une fois Bastogne traversé, il ne reste plus que quelques kilomètres jusqu'à la frontière. Ensuite, on devient témoin d'un changement dans l'air comme sur la terre. Le paysage se couvre d'un parfum tout germanique et une brume épaisse est toujours au rendez-vous. On accède au village par une route sinueuse et pentue. Et à son sommet, Noertrange domine la vallée de la Wilz. 

Je me souviens avoir déambulé un long moment entre les pierres tombales avant de rejoindre ce qui te tient, depuis trois ans maintenant, de monument funéraire.

Une voisine, peut-être une lointaine parente -dans ce village luxembourgeois, ils portent presque tous les mêmes noms ...- astiquait avec une énergie domestique admirable sa tombe familiale. J'ai laissé à Hugo le soin de déposer le bouquet de chrysanthème. Il m'avait semblé bien choisi; il était dru, de couleur ocre avec des petites étincelles dorées. Il paraît que le choix de cette fleur, remonte au début du 20ème siècle, et qu'elle était d'abord utilisée pour fleurir les tombes des soldats lors de l'armistice de 1918.

J'ai ressenti une sérénité en regardant longuement ta pierre, érodée par les pluies incessantes. J'étais en accord avec moi et je dois reconnaître que cela n'arrive pas souvent. La mort peut nous rassurer car elle est certaine, toujours au bout du chemin. La mort de nos proches devraient nous réconforter, car ils nous aiment pour toujours et cet amour devrait nous porter. Je communiais en quelque sorte avec toi et Hugo dans l'instant qui nous unissait. Que peut-il bien rester de ton enveloppe charnelle en trois années passées sous cette terre éprouvée par un climat rude où l'humidité est partout ? N'existes-tu plus que dans les souvenirs de ceux qui pensent à toi ? 

Sans doute. Ce doit être ça qui résume notre trajectoire ici-bas. Le souvenir est dans la mémoire. Quand la mémoire a disparue, le souvenir n'existe-plus.

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