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Le quart net de ma moitié
Le quart net de ma moitié
  • Isoler des mots, les transcrire, découvrir le sens au fur et à mesure de l'écriture, c'est un peu quitter le bateau avant qu'il ne prenne l'eau, c'est jouer avec des bouts de phrases. Libre propos au quotidien, parfois pertinent et souvent impertinent .
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Le quart net de ma moitié
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7 juin 2013

Un trésor

Il était plaisant de les observer tous, occupés à leurs activités absorbantes et si accaparentes qu'ils ne me virent pas sortir mon petit appareil photo minox et les mitrailler avec un plaisir jubilatoire qui aurait pu se lire sur mon visage.

Certains lisaient des journaux, rarement des livres - ceux-ci existaient encore mais le support papier tombait déjà en désuétude - d'autres étaient plongés dans un monde virtuel qui sur son téléphone portable, qui sur sa tablette, qui d'autres conversaient à propos du labeur quotidien et des vacances espérées.

Nous avions quitté Budapest et le voyage serait long. J'avais choisi un train régional à dessein. Je voulais prendre le temps de m'imprégner de l'atmosphère du voyage, observer et ressentir la vie quotidienne de ces gens, et pouvoir m'identifier à eux. 

Je me rappelais de mon précédent périple en train jusqu'à Bucarest. J'avais passé plus d'une vingtaine d'heures pour arriver à la Gare du Nord de la capitale roumaine, en plein milieu de la nuit. Il y avait longtemps de cela. J'avais rapidement été abordé par des enfants - le plus âgé ne devait pas avoir 16 ans - qui avaient tous élu domicile dans la station ferroviaire. Entre deux sniffes de colles, ils abordaient, les yeux hagards, les nouveaux arrivants en quête de quelques pièces, de nourriture ou d'une boisson.

Le soleil éclairait le compartiment du train, et les fenètres entre-ouvertes laissaient passer un air chaud avec une légère brise, qui pénétrait par à-coups au rythme de la vitesse amorcée par la locomotive. La jeune fille en face de moi, s'était endormie et avait négligemment écarté ses jambes. J'eus du mal à contenir mon regard qui se porta avec un naturel gênant sur ....un trésor !

Je pris quelques photos de cette scène désarmante, un peu inespérée, sans échapper à un sentiment de honte. La lumière douce qui caressait ses jambes, le cadrage choisi, le choix du noir et blanc, la perspective qui nous distanciait et la présence de sa voisine, femme mûre, de noire du regard à la tête et jusqu'aux pieds - peut-être venait-elle du cimetière ou d'un enterrement ? - en tout cas, je me souviens qu'elle me foudroyait de ses yeux - donnaient aux clichés, une dimension à la fois triviale et érotique.

Elle avait remonté sa robe bleue et légère jusqu'à la poser sur le haut de ses genoux. Ainsi, allanguie, elle était chaussées de sandales à talons compensées qui se finissaient par des lanières remontant jusqu'à mi-cheville. Elle me faisait soudain penser aux femmes qui connurent leur jeunesse rayonnante dans les années soixantes-dix, et qui, telle ma mère, portaient pareilles sandales.


J'avais arrêté de prendre des photos. La jeune fille s'était réveillée et redressée sur son séant, elle semblait quelque peu gênée comme si elle s'était fait prendre en flagrant délit. Un relâchement coupable... tout comme le mien. Il me fallait désormais d'autres angles de vues, mais le train était bondé. Il ne m'était plus possible de changer de place.

Il ne me restait plus qu'à essayer de dormir un peu jusqu'au prochain arrêt. Mon plan était de profiter de la descente de passagers pour aller m'installer ailleurs, avant un nouvel arrivage de voyageurs. Une communication se fit en plusieurs langues dont l'anglais mais pas en français. Nous arrivions à Arad.

 

 

 


 

 

 

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